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Comment le Parlement a renforcé l’innovation et la recherche en Suisse, sans impact sur le budget 2023 de la Confédération

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De fin novembre à mi-décembre, la session d’hiver des Chambres fédérales est un moment clé pour le fonctionnement des institutions politiques suisses. Bien sûr, c’est à cette occasion que se déroulent les élections à la présidence du Conseil national, du Conseil des Etats et du Conseil fédéral. En 2022, le Parlement a même élu deux nouveaux membres du collège gouvernemental. Mais la session d’hiver permet aussi à la Confédération de se doter d’un budget pour financer les objectifs politiques qu’elle s’est donnés. Pour les hautes écoles suisses et les institutions d’encouragement de la recherche et de l’innovation que nous défendons au Parlement dans le cadre du Réseau FUTURE, le budget représente plus de six milliards de francs d’investissements par année.

Un budget que l’on suit comme une série
Au sein du Réseau FUTURE, suivre le traitement du budget de la Confédération s’apparente à suivre une série télévisée ! Comme dans les séries, le processus parlementaire comprend de nombreux épisodes, avec un scénario de départ, des rebondissements, des séquences courtes, des cliffhanger, des bons et des méchants. C’est en effet l’un des rares objets qui est traité simultanément par les deux Chambres, avec l’obligation de trouver des compromis dans le temps imparti des trois semaines de la session. Et pour corser le tout, une épée de Damoclès est suspendue sur toutes les têtes : le fameux frein aux dépenses se déclenche automatiquement en cas de déséquilibre entre dépenses et rentrées financières. Le processus impose une forte coordination avec les parlementaires spécialisés dans le domaine des finances et une veille politique de tous les instants.

L’année 2023 correspond au dernier exercice budgétaire sans coupes dans le domaine de la formation, de la recherche et de l’innovation. Au-delà, il faudra compter sur une forte réduction des dépenses de la Confédération dans ce domaine faiblement lié, où Berne bénéficie d’une marge de manœuvre financière. Dans le même temps, 2023 est une nouvelle année durant laquelle la Suisse de la recherche reste exclue des parties les plus attractives du programme-cadre de recherche et d’innovation Horizon Europe. Les championnes et les champions suisse ne peuvent pas participer aux concours les plus prestigieux, et d’importantes opportunités de collaborer avec les meilleures équipes au monde leur échappent. Un renforcement de l’encouragement de l’innovation et de la recherche au niveau national est absolument essentiel pour limiter les dégâts causés par la mésentente entre Berne et Bruxelles.

Nationalratssaal

Comment éviter de déclencher le frein aux dépenses ?
Mais comment renforcer ce soutien sans déclencher le frein aux dépenses ? Dans le cadre du Réseau FUTURE, nous avons développé une stratégie créative, à la faveur de la publication du projet de budget 2023. Elle consiste à augmenter les budgets respectifs du Fonds national suisse pour l’encouragement de la recherche et d’Innosuisse de 85 millions de francs, et à compenser ces dépenses dans un autre poste du budget. La ligne de crédit permettant cette compensation n’est autre que la ligne prévue pour une éventuelle association au programme-cadre en 2023, que la Confédération est obligée de prévoir même si elle est irréaliste au niveau politique !

Une petite victoire pour la recherche et l’innovation
La manœuvre a nécessité un important effort d’explication auprès des commissions des finances des deux chambres, des groupes parlementaires et des élu-e-s au niveau individuel. Au final et après de nombreux imprévus, le Conseil national a approuvé de façon très claire ce coup de pouce accordé à l’encouragement de l’innovation et de la recherche, qui ne péjorera pas l’équilibre fragile des finances fédérales. Une semaine plus tard, le Conseil des Etats lui a emboîté le pas en approuvant le transfert de crédit de façon tacite. C’est une petite victoire pour la place suisse de la recherche et de l’innovation. Elle ne remplace pas la réassociation pleine et entière de la Suisse à Horizon Europe, mais elle permet de limiter les dégâts.

A cette bonne nouvelle s’ajoute une autre : VIRTÙ Public Affairs AG aura la chance de continuer à assurer le secrétariat du Réseau FUTURE pour le dialogue entre science et politique jusqu’en 2026. Haut les cœurs ! 
 

Pourquoi la recherche? Parce que nos problèmes ne proviennent pas d'un manque de technique, mais d’un manque de compréhension

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En 2022, deux scientifiques établis en Suisse ont remporté les médailles Fields. Dans le domaine des mathématiques, cette récompense correspond à un prix Nobel. Maryna Viazovska, de l’EPFL, et Hugo Duminil-Copin, de l’Université de Genève, ont tous les deux 37 ans. Ils ont été invités au Parlement fédéral pour valoriser ces réussites. Leur alma mater nous ont demandé d’organiser leur visite au Palais fédéral, le 27 septembre 2022.

La venue de deux génies des mathématiques dans le plus haut lieu de la politique suisse répond à deux objectifs. D’abord, il s’agit pour la science de montrer au politique le retour que représentent ces prix par rapport à l’investissement consenti depuis plus de vingt ans par la politique fédérale. Ensuite, il s’agit de répondre à la fameuse question : mais à quoi sert la recherche fondamentale ?

médailles Fields tribune

Les occasions pour sensibiliser les parlementaires à ces deux dimensions ne sont pas nombreuses. Nous avons donc proposé à l’Université de Genève et à l’EPFL d’organiser la visite en partenariat avec les deux présidents des commissions de la science, le conseiller national Fabien Fivaz et le conseiller aux Etats Benedikt Würth. Passage à la tribune, laudatio par la vice-présidente du Conseil des Etats et la présidente du Conseil national, présence dans une salle de commission pour des échanges spontanés puis apéro dans la Galerie des Alpes du Palais fédéral, nous avons tout mis en place pour faciliter la rencontre entre ces deux génies des maths et nos élus fédéraux.

échange avec les membres du parlement

Trente parlementaires fédéraux ont pris le temps de l’échange. Les élu-e-s présent-e-s ont reconnu la nécessité de préserver les meilleures conditions cadres pour la recherche scientifique, notamment en cherchant à obtenir une réassociation pleine et entière au programme-cadre de recherche européen. Mais ils et elles ont obtenu aussi une réponse éclairante de Maryna Viazovska sur l’utilité de la recherche : pour elle, nos problèmes les plus importants ne proviennent pas d’un manque de technique, mais d’un problème de compréhension. Comprendre le monde et se comprendre entre êtres humains c’est tout l’enjeu de notre avenir.

#swissnobel au Palais fédéral

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Le 22 septembre 2020, un événement extraordinaire – au vu de la pandémie, mais pas uniquement – a eu lieu sous la coupole du Palais fédéral. Le Parlement fédéral, réuni pour sa session d’automne, a reçu à sa tribune deux lauréats du Prix Nobel, Michel Mayor et Didier Queloz. L’échange qui s’est alors tenu entre les deux physiciens et les membres du Parlement dans la salle de commission 6 a suscité un vif intérêt.

swissnobel

L’agence VIRTÙ Public Affairs AG a été mandatée par le Fonds national suisse (FNS) et l’Université de Genève, l’alma mater des deux scientifiques, pour concevoir et organiser cet événement. L’objectif était de montrer concrètement aux parlementaires ce qu’il est possible de réaliser avec les moyens financiers qu’ils allouent chaque année au domaine de la formation, de la recherche et de l’innovation. Angelika Kalt, directrice du FNS, et Yves Flückiger, recteur de l’Université de Genève et président de swissuniversities, ont modéré la discussion avec les parlementaires. Cet événement a été l’occasion d’un dialogue entre les sphères scientifique et politique.

Nobelpreisträger im Bundeshaus

Michel Mayor et Didier Queloz ont reçu le Prix Nobel de physique en 2019 pour leur découverte de la première planète hors de notre système solaire. Au cours de leur présentation, ils sont revenus sur leur carrière et les recherches qui les ont conduits à l’exoplanète «51 Pegasi b» en 1995. Ils ont souligné l’importance des conditions cadres favorables à la recherche fondamentale ; elles constituent le pilier de l’excellence de la place scientifique. Le duo de scientifiques fait figure d’exemple en matière d’encouragement réussi de la relève. Leur grande découverte est le résultat d’une collaboration entre le chercheur Michel Mayor, déjà renommé à l’époque, et le jeune talent Didier Queloz. Cette histoire à succès montre que les investissements actuellement consentis pour l’encouragement de la relève dans le domaine de la formation, de la recherche et de l’innovation porteront leurs fruits jusqu’en 2040 et au-delà.